Deux soeurs décident de quitter leur Ohio natal pour réussir à New York, Ruth veut devenir écrivain, et Eileen actrice de théâtre. Cette dernière rend fou tous les hommes qui l'approchent.
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« Indiscrétions » (The Philadelphia Story) de George Cukor (1940)
Dexter Haven et Tracy Lord se séparent sur un brutal constat d'échec : leur mariage part à vau-l'eau. Dexter boucle ses valises et Tracy continue de fréquenter la meilleure société. Deux années plus tard, Tracy est sur le point de se remarier avec George Kittredge, un politicien promis à un brillant avenir...
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Abby et Martha Brewster, deux vieilles dames respectables mais quelque peu fantasques, partagent leur maison de Brooklyn avec leur neveu Teddy. Rivalisant de fantaisie avec ses tantes, celui-ci s'est mis en tête de creuser une réplique du canal de Panama dans la cave. Bienveillantes envers chacun, les deux soeurs coulent ainsi des jours tranquilles jusqu'à ce qu'un autre neveu, l'anticonformiste Mortimer, découvre avec horreur un cadavre dans un de leurs coffres. Il apprend bientôt que les deux aïeules, mues par la compassion et sûres de faire une bonne action, empoisonnent de vieux messieurs solitaires pour leur éviter une fin de vie misérable...

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« Indiscrétions » (The Philadelphia Story) de George Cukor (1940)

Dexter Haven et Tracy Lord se séparent sur un brutal constat d'échec : leur mariage part à vau-l'eau. Dexter boucle ses valises et Tracy continue de fréquenter la meilleure société. Deux années plus tard, Tracy est sur le point de se remarier avec George Kittredge, un politicien promis à un brillant avenir...
Fiche Technique
- Titre original: The Philadelphia Story
- Année: 1940
- Pays: Etats-Unis
- Genre: Comédie
- Réalisation: George Cukor
- Scénario: Donald Ogden Stewart, Waldo Salt
- Production: MGM.
- Interprétation: Cary Grant, Katharine Hepburn, James Stewart, Ruth Hussey, John Howard, Roland Young, John Halliday, Mary Nash, Virginia Weidler, Henry Daniell, Lionel Pape, King Baggot, Claude King, Joseph Sweeney
- Durée: 1h40
Fiche Technique
- Titre original: The Philadelphia Story
- Année: 1940
- Pays: Etats-Unis
- Genre: Comédie
- Réalisation: George Cukor
- Scénario: Donald Ogden Stewart, Waldo Salt
- Production: MGM.
- Interprétation: Cary Grant, Katharine Hepburn, James Stewart, Ruth Hussey, John Howard, Roland Young, John Halliday, Mary Nash, Virginia Weidler, Henry Daniell, Lionel Pape, King Baggot, Claude King, Joseph Sweeney
- Durée: 1h40
• Avis •
★★★☆☆
___Tracy Lord (Katharine Hepburn), jeune divorcée issue d’une famille bourgeoise, s’apprête à épouser en seconde noce George Kittredge (John Howard). Tandis que les préparatifs battent leur plein, l’arrivée à l’improviste de l’ex-mari de Tracy, C. K. Dexter Haven (Cary Grant) ajoute à l’agitation générale. Sans compter que ce dernier n’est pas venu seul, mais accompagné de deux prétendus amis du frère de la future mariée : Macauley Connor (James Stewart) et Elizabeth Imbrie (Ruth Hussey). En réalité, les deux jeunes gens travaillent pour la presse à scandales. Le directeur de la feuille de chou a chargé le journaliste et la photographe de couvrir ce mariage mondain. Acculées par les incartades du père de Tracy (Seth Lord qui a quitté sa femme pour Tina Mara, une danseuse), la future mariée et sa mère sont contraintes de recevoir le trio dans leur vaste maison afin de sauver les apparences. Alors que Tracy et Mike se rapprochent, Dexter et Tracy règlent leurs comptes…
– Dommage. Tu aurais dû rester avec moi plus longtemps.
– C’est bien toi: « Sans rancune, mais prends ça dans les dents. »
– Je croyais que c’était à vie, mais le juge m’a graciée.
___Un an après avoir tourné « The Women », George Cukor réunit plusieurs grands noms pour adapter la pièce à succès de Philip Barry. Katharine Hepburn est alors boudée des écrans où elle est jugée peu populaire. En femme d’affaire avisée, l’actrice et comédienne savait cependant manier habilement l’art du contrat. Elle avait financièrement soutenu le projet d’origine dans lequel elle incarnait déjà le personnage principal et dont elle s’était assurée les droits d’adaptation. Pour la version cinématographique, Hepburn se réserva ainsi le droit de choisir elle-même le réalisateur, ses partenaires et s’octroya un droit d’intervention sur le scénario. Forts des succès de leurs précédentes collaborations, Hepburn et Cukor se retrouvent donc sur ce nouveau projet qui connaîtra à son tour un formidable triomphe.
___Indiscrétions est un film dans lequel se mêle habilement l’élégance raffiné du decorum (la somptuosité des décors rivalisant avec les toilettes sophistiquées) au rythme rafraichissant de la comédie de remariage. Le film s’appuie sur tous les ressorts comiques du genre pour atteindre un sommet inégalé en la matière : quiproquos en chaîne, dialogues à double sens, réparties cinglantes… Cary Grant incarne à la perfection l’ex-mari trouble-fête qui derrière les postures d’un individu sans scrupule et manipulateur cache un homme éperdument épris de son ex-femme et bien moins vindicatif qu’il ne veut le faire croire. S’il apparait bien comme celui qui tire les ficelles dans l’ombre, ce n’est pas pour de prétendus motifs de vengeance à l’encontre de Tracy mais pour tenter de la reconquérir. Dans ce registre délicat et tout en nuances, l’acteur se révèle d’une justesse magistrale, et d’une retenue dans le jeu inhabituelle.

– Je parle de la différence en termes d’esprit !

– Qui stimule l’homme plus que d’autres charmes.

– Nous sommes très vaniteux, tu sais.

– Cette déesse a quelque chose d’excitant,

– Tu pourrais séduire un homme d’esprit, n’empêche.

– « Cette citadelle tombera et c’est moi qui la prendrai. »
___Se définissant comme une femme accomplie, forte de caractère et indépendante, Tracy Lord réalise brutalement que l’image qu’elle croit renvoyer est loin de celle qu’elle a d’elle-même. Cette héritière d’une très riche famille de la côté Est est en quête de perfection permanente et ne tolère aucune faiblesse. Très attachée aux apparences, elle aborrhe ce qui n’est pas moral ou convenable. L’alcoolisme de son ex-mari Dexter ou la liaison de son père avec une danseuse sont ainsi des fissures impardonnables à l’image de perfection de son milieu. Se posant en donneuse de leçons à tous ceux qui l’entourent, sa franchise lui revient cependant en pleine figure et un déluge de reproches s’abat sur elle. Alors que Connor, le journaliste, la renvoie à son statut de petite fille gâtée privilégiée, son ex-mari et son père la traitent tour à tour de femme froide, sans cœur, de prude et de vieille fille… Pour la première fois, la jeune femme vacille du piédestal qu’elle s’était elle-même érigé. Tracy finit par croire qu’elle est véritablement cette statue de bronze inanimée que lui décrit Dexter. Et alors qu’elle tente de trouver du réconfort auprès de George, les paroles platoniques et pleines d’adoration de son futur-époux ne font qu’accroitre son malaise. Commence pour la jeune femme, fière et pétrie d’orgueil, une douloureuse remise en question. Si les paroles de Dexter et de son père sont les éléments déclencheurs de cette prise de conscience, Connor (soutenu par quelques coupes de champagne) se révèlera un précieux allié pour mener à terme la libération de la jeune femme. Les deux jeunes gens, que tout semblait pourtant opposer a priori, se découvrant sous leur armure respective une même sensibilité. Au cours d’une nuit d’été aux relents Shakespearien, le poète contrarié et la déesse blessée dans son amour propre noient leur peine dans la danse et l’ivresse, sous l’œil inquisiteur et malicieux de Dinah, la petite sœur de Tracy. Ce véritable petit elfe impertinent est à la fois la petite conscience de sa grande sœur et son alter ego insouciant miniature. Très attachée à Dexter dont elle regrette le départ, elle condamne le choix de Tracy de se marier avec un homme aussi ennuyeux et austère que George.
Car sous-couvert d’une perfection apparente, la vie de Tracy n’est qu’un assemblage de mensonges. Méprisant son père au point de le faire passer pour son oncle, la jeune femme ignore aussi bien ceux dont elle a honte que ses véritables sentiments. Son existence n’est en réalité qu’une lutte permanente avec sa vraie nature. La profonde estime qu’elle a pour George n’a ainsi rien à voir avec de l’amour, tandis que la haine affichée à l’égard de Dexter (dont elle est fondamentalement amoureuse) tient du rôle de composition.

– Il y a une magnificience en vous, Tracy.

– dans votre maitien et dans votre démarche.

– Il y a des feux qui brûlent en vous,

– Une magnificience dans vos yeux, dans votre voix,

– Vous irradiez de l’intérieur!

– des faux de joie et des holocaustes!
___A la fois portrait à charge de la haute société et dénonciation de la presse à scandale, le film de Cukor renvoie dos à dos les deux camps. Peu importe le rang : la condescendance, les préjugés, l’hypocrisie et l’intolérance ne sont en effet l’apanage d’aucune classe sociale. La famille Lord méprise tout autant les pratiques de la presse à sensation que les deux reporters ne rient des manières empruntées et superficielles de ces privilégiés. Connor, contraint de vendre son âme au diable à travers un travail qui le répugne tout autant qu’il lui est indispensable pour payer ses factures se découvre ainsi bientôt des points communs avec une Tracy en pleine crise existentielle. Depuis sa prison dorée dans laquelle elle s’est elle-même retranchée, la voilà contrainte de choisir entre son coeur et sa raison (la raison du rang social). Face à elle, trois prétendants : Dexter son ex-mari, lui-même issu de la haute société de Philadelphie; George, l’arriviste ambitieux désireux d’intégrer cette haute société; ou bien Connor, le poète romantique issu de la classe moyenne et qui rejette par principe tout ce milieu mondain. Méprisant d’abord l’arrogance de Tracy et la débauche de richesse et de luxe de son milieu, ce dernier tombera pourtant amoureux de la femme dissimulée sous le masque d’apparences et de perfection. Il ne parviendra cependant pas à briser le plafond de verre entre Tracy et lui, cette barrière entre leurs classes sociales restera infranchissable.
Tour à tour drôles et émouvants, les personnages de cette délicieuse comédie dégagent à l’écran une alchimie parfaite. Les couples se font et se défont au rythme des saillies verbales et des règlements de compte ; le tout sous les yeux de rôles secondaires qui ne manquent pas non plus de sel : de la petite sœur impertinente à l’oncle graveleux, Cukor parvient à développer les traits de caractère de chacun des personnages.
– Il n’y a donc plus de vie privée?
– Seulement au lit. Et encore, pas toujours!
Quintessence de la comédie américaine des années 30, « Indiscrétions » est devenu l’un des grands classiques de la « screwball comedy » (ou de la comédie du remariage). Le projet, que Katherine Hepburn a littéralement porté sur ses épaules, réunit un casting prestigieux dont les personnalités contrastées font tout le sel de cette comédie qui joue sur les oppositions constantes. Face à une Hepburn aussi divine que fragile, Cary Grant campe un ex-mari impérial et transis d’amour, pendant que James Stewart incarne un jeune idéaliste touchant de sensibilité. Sur fond de lutte amoureuse et de lutte des classes, la quête d’identité de la belle Tracy conduit à un imbroglio amoureux à la résolution expresse. Le film, à la fois drôle, tendre et émouvant est un équilibre parfait entre comédie de moeurs, satire sociale et portrait de femme. Etonnamment moderne par son propos hédoniste et ses évocations de la sexualité, il conserve encore, plus de 80 ans plus tard, un charme et une fantaisie intactes.