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Une œuvre à retenir !

★★★★★
EXCELLENT !

Un film proche du coup de cœur !
A garder dans sa DVDthèque

 COUP DE COEUR ! 
Une œuvre d’anthologie !
A voir absolument
et à conseiller !

 

« The Innocents » de Jack Clayton (1961)

A la fin du XIXe siècle, une préceptrice s'occupe de deux jeunes enfants, tourmentés par les fantômes de leur précédente enseignante et de son amant. Elle essaie de convaincre le tuteur des enfants de la réalité de cette influence néfaste, alors qu'elle-même présente les symptômes d'une maladie mentale.

Fiche Technique

 

  • Titre original: The Innocents
  • Année: 1961
  • Pays: Etats-Unis, Royaume-Uni
  • Genre: Fantastique
  • Réalisation: Jack Clayton
  • Scénario: William Archibald, Truman Capote, John Mortimer
  • Producteur(s): Jack Clayton, Albert Fennell
  • Production: Achilles, Twentieth Century Fox Film Corporation
  • Interprétation: Deborah Kerr, Peter Wyngarde, Megs Jenkins, Michael Redgrave, Martin Stephens, Pamela Franklin, Clytie Jessop, Isla Cameron
  • Durée: 1h40

Fiche Technique

 

  • Titre original: The Innocents
  • Année: 1961
  • Pays: Etats-Unis, Royaume-Uni
  • Genre: Fantastique
  • Réalisation: Jack Clayton
  • Scénario: William Archibald, Truman Capote, John Mortimer
  • Producteur(s): Jack Clayton, Albert Fennell
  • Production: Achilles, Twentieth Century Fox Film Corporation
  • Interprétation: Deborah Kerr, Peter Wyngarde, Megs Jenkins, Michael Redgrave, Martin Stephens, Pamela Franklin, Clytie Jessop, Isla Cameron
  • Durée: 1h40

• Avis
★★★★★

___Vieille fille célibataire, Miss Giddens (Deborah Kerr) accepte un poste de gouvernante auprès de deux jeunes enfants. D’entrée, l’oncle des deux orphelins dont il a la tutelle annonce sans détour ce qu’il attend de sa future employée. Le célibataire endurci ne souhaite être dérangé sous aucun prétexte par les tracasseries quotidiennes de son neveu et de sa nièce. Manifestement peu soucieux de leur éducation, il n’aspire qu’à poursuivre sa vie de plaisirs et de débauche, à mille lieux de l’immense propriété de Bly où il a installé les deux enfants qu’il souhaite ardemment maintenir hors de sa vue et de ses préoccupations.

___C’est donc investie d’une lourde responsabilité en même temps que d’une grande liberté d’action que Miss Giddens se met en route vers le vaste manoir où logent ses deux futurs élèves. Isolée au cœur de la campagne, l’immense demeure se dévoile dans un cadre aussi enchanteresse qu’inquiétant. Ce terrain de jeu, idyllique pour de jeunes garnements, va cependant bientôt devenir, pour le spectateur, le théâtre de phénomènes étranges.

___A son arrivée, Miss Giddens fait la connaissance des rares domestiques encore présents dans le domaine. De ces derniers, le spectateur ne fera la connaissance que de la vieille Mrs. Grose (Megs Jenkins) qui semble se fondre avec les murs de l’immense bâtisse. Malgré l’absence du jeune Miles (Martin Stephens), le frère adoré resté interne dans sa prestigieuse école, Miss Giddens parvient à rapidement se lier d’amitié avec Flora (Pamela Franklin). Ce climat harmonieux va pourtant bientôt connaître ses premières turbulences. Une lettre du directeur que lui transmet l’oncle des deux enfants, informe en effet la nouvelle préceptrice que le petit garçon s’est fait renvoyé de son école. Aux motifs vagues qui justifient l’expulsion de Miles s’ajoutent bientôt les circonstances troubles qui entourent la disparition des précédents employés : l’intendant Peter Quint et la jeune préceptrice, Miss Jessel._

Text

___Le mystère qui plane sur leurs personnalités et les relations qu’ils entretenaient avec les enfants sont autant de secrets qui hantent bientôt l’esprit de Miss Giddens, et qui vont rapidement tourner à l’obsession. A mesure qu’elle tente de percer le mystère des évènements passés, le comportement des deux enfants apparait comme de plus en plus inquiétant : comptines aux paroles morbides, chuchotements, escapades nocturnes, sourires et gestes ambigus… Un sentiment de malaise s’empare progressivement de la gouvernante comme du spectateur devant l’attitude déroutante de ces deux enfants et des évènements fantastiques qui ne tardent pas à se produire. A peine évoqués, les fantômes du passé se matérialisent aux yeux de la nouvelle gouvernante qui assiste à plusieurs reprises à différentes manifestations surnaturelles : portes qui claquent, apparitions fantomatiques, bruits inquiétants…

___Son obstination à vouloir déterrer coûte que coûte les secrets de cette maison tend parfois jusqu’à la folie. De sorte que le spectateur s’interroge : et si tout ceci n’était finalement que le fruit de l’imagination de la gouvernante ? Si les soupçons de perversité et d’esprit corrompu qu’elle projetait sur ses élèves n’était que le reflet de son propre désordre mental ? Et si les deux enfants étaient en fin de compte réellement innocents… Dans cette Angleterre poussiéreuse du XIXe siècle, cette vieille fille ne serait-elle pas tout simplement atteinte par cette maladie typiquement féminine que les psychiatres nommaient alors « hystérie » ? Le venin du doute nous empoisonne doucement à mesure que s’affine le portrait psychologique de Miss Giddens. Elevée par un père pasteur, elle semble reporter sur les deux enfants dont elle a la charge une affection maternelle qui la déborde et altère tant son discernement que son comportement à l’égard de Miles et de Flora. Son désir acharné de sauver l’âme des deux enfants en les arrachant aux spectres qui les posséderaient vire au pathologique. Elle apparait de plus en plus comme psychologiquement instable, rongée par quelques névroses où s’entremêlent peurs des hommes et angoisses autour de la sexualité. Des obsessions et des phobies qu’elle ne tarde pas à communiquer aux enfants dans des discours exaltés.

___Jack Clayton parvient à restituer à l’écran tous les rouages et les subtilités qui font la singularité du livre d’Henry James : ne montrant jamais explicitement l’horreur, il préfère la suggérer, jouant avec l’imagination du spectateur et ses extrapolations, ainsi que sur le déchirement entre une société victorienne coincée dans ses carcans et une débauche morale inavouable.

___Ldualité qui hante toutes les lignes de l’œuvre de James imprègne ainsi chaque plan du film : à commencer par l’économie de personnages qui contraste avec l’immensité des lieux qui les entourent pour mieux les engloutir. Le faste démesuré de ce décor bourgeois semble proportionnel aux horreurs suggérées. Les non-dits, l’ambiguïté des relations entre les personnages qui contribuent à créer un sentiment de malaise chez le lecteur de James sont ici remarquablement transposés à l’écran, renforcé par une ingénieuse utilisation de la musique et de la lumière. Le réalisateur semble avoir à cœur de respecter jusqu’au bout l’ouvre dont il s’inspire. A l’instar du roman où le lecteur oscille sans cesse entre croire le récit de la gouvernante ou la soupçonner d’aliénation mentale, le film de Clayton refuse lui aussi de trancher. La tension reste donc intacte jusqu’au bout. Le spectateur n’aura jamais de réponse claire à ses interrogations. Libre à lui de tirer ses conclusions (rationnelles ou non) et de combler les lacunes du récit avec ses interprétations personnelles. Car c’est là le tour de force de ce film vénéneux : pousser le spectateur dans ses retranchements, stimuler son imaginaire et réveiller ses peurs inconscientes.

Adapté du célèbre récit de Henry James, « The innocents » de Jack Clayton est un film à l’atmosphère envoutante qui joue habilement avec les codes du film d’épouvante et les nerfs du spectateur. Jusqu’à son incroyable scène finale, le film s’appuie sur une ambiance malsaine et dérangeante pour immiscer le doute dans notre esprit, sans jamais révéler les clés du mystère entourant les évènements passés et les personnalités troubles des personnages. Transposant remarquablement à l’écran tous les mécanismes du roman gothique dont il capte l’essence et reprend la mécanique parfaite, ce film réalisé en 1961 est un bijou d’épouvante et de psychologie, servi par une construction méticuleuse et une remarquable inventivité formelle et esthétique.

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